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Le 26 Novembre 2009, le gouvernement de l'Etat de Zacatecas a officiellement  classé
125 km de sentiers de pèlerinage huichol comme Réserve Naturelle Protégée
dans le cadre du programme CHAC - ODAPI - Arutam - Audemars-Piguet  initié en 2006.

profil du sentier de pélerinage
                    huichol
Profil complet du sentier de pélerinage huichol de San Blas à Wirikuta (donnée CHAC)


Madame La Gouverneur de l’Etat de Zacatecas signe un décret faisant de la route huichol une Aire Naturelle Protégée.

L’importance de l’itinéraire huichol explique son inscription depuis 2004 sur la Liste Indicative du Patrimoine de Mexico et de sa Valeur Universelle présenté à l’Unesco. L’objectif est de faire reconnaître cette route par l’Unesco comme un itinéraire culturel faisant partie du patrimoine de l’Humanité.

sentiers
                        protégés signature« Nous devons garantir sur notre propre territoire des conditions propices à la sauvegarde et au respect des us et coutumes ainsi que de la pensée des cultures telles que la culture Huichol, s’inscrivant dans le cadre de la Constitution » a expliqué Madame le Gouverneur Amalia García Medina lors de la signature du décret faisant de la route huichol une aire naturelle protégée. Elle a souligné que depuis le début de son mandat, elle avait toujours appuyé son gouvernement et manifesté  reconnaissance et respect pour la préservation et la continuité historique de la culture huichol, ainsi que pour la conservation du patrimoine écologique de la société zacatecana. Ce décret, a-t-elle ajouté, puise les sources de son existence dans la force du peuple huichol, dans sa détermination à maintenir sa culture, sa langue et sa vision du monde. Il est le fruit d’un peuple résolu à continuer de faire ce voyage de Nayarit à Real de Catorce à Huiricuta en passant par Zacatecas, partie la plus étendue du territoire, et pour ce faire, le peuple huichol ne doit pas marcher seul mais être accompagné et respecté.

Après la signature du décret, Amalia García Medina, le gouverneur de Santa Catarina Cuexcomatitlán, Jaime Niukame Carrillo Carrillo et le Président de la Conservation Humaine, Humberto Fernández Borja, ont signé une lettre d’intention avec le Gouvernement National pour la préservation et la protection de la route, des écosystèmes, de la flore et de la faune qui constituent le parc national « Route huichol ».

L’importance de l’itinéraire huichol explique son inscription depuis 2004 sur la Liste Indicative du Patrimoine de Mexico et de sa Valeur Universelle présenté à l’Unesco, dans la catégorie « Itinéraire ou Route Culturelle » en tant que bien mixte, naturel et culturel. C’est la raison pour laquelle il a été décidé d’aller plus loin et de faire reconnaître ce chemin comme un itinéraire culturel faisant partie du patrimoine de l’humanité. Cela implique que sa reconnaissance passe non seulement par la force d’un décret issu d’une volonté collective, mais aussi par un appui international pour qu’une culture telle que la culture huichol ne meure pas, pour qu’elle puisse être intégrée aux sociétés modernes et prétendre aux mêmes droits, en particulier au droit à la santé, à l’éducation et au respect de son identité.

Le gouverneur a également insisté sur les engagements induits par le statut d’aire naturelle protégée : protéger les forêts de pins, les chênes, les mezquitales, les pâturages, la diversité de la faune comme le chat des montagnes, le cacomiztle, les cerfs, les sangliers, les serpents à sonnettes, les tortues terrestres, les aigles royaux, entre autres espèces en voie de disparition. Il ne s’agit pas seulement de protéger la faune et la flore, mais aussi de mettre en place un plan d’action et de gestion professionnel pour lequel le décret donne un délai maximum de 6 mois à partir de sa signature.

La mandataire a également mentionné que le décret donnait la possibilité de protéger une surface totale de 60 500 hectares qui s’ajouteront aux 100 000 hectares de forêt dans la sierra de los Cardos à Susticacán et aux 50 000 hectares de l’aquifère Benito Juárez à Zacatecas, déjà préservés. En outre, elle a ajouté qu’il s’agissait à terme de faire du Cerrro del Padre et du parc de La Encantada des zones naturelles protégées. C’est dans cette optique qu’elle a insisté sur la nécessité de réfléchir à un renouvellement de la flore afin d’en améliorer la qualité et l’étendue et pour que ces lieux conservent leur valeur sacrée dans la vision et la cosmogonie huicholes.

L’un des aspects fondamentaux de la cosmovision huichol est la réalisation de pèlerinages aux différents sites sacrés de la géographie rituelle, en particulier celui de la route Huiricuta, près de Real Catorce à San Luis Potosí. Elle passe par les villages de Valparaíso, Monte Escobedo, Tepetongo, Susticacán, Jerez, Zacatecas et Guadalupe.
carte CHAC
                        (c)Grâce à une forte volonté collective, cet espace a aujourd’hui une longueur totale d’environ 450 kilomètres, dont 173 kilomètres se trouvent dans la province de Zacatecas et passent, selon leur point de départ, par les communautés de San Andrés Cohamiata, San Sebastián Teponahuastlán, Tuxpan de Bolaños et Guadalupe Ocotán.
Pour sa part, le gouverneur de Santa Catarina Cuexcomatitlán Jaime Niukame Carrillo Carrillo, a exprimé sa reconnaissance pour l’intérêt de la sauvegarde et la conservation des lieux sacrés de la communauté huichol. Il a également précisé que désormais, il est du ressort de la communauté de prendre en charge et de faire appliquer les engagements et obligations établis dans le décret.
La route huichol dans la province de Zacatecas protège un réseau de chemins et de sentiers longs de 125 kilomètres et d’une largeur moyenne de 40 mètres. Elle couvre une surface de 500 hectares dans les localités de Susticacáan, Jerez, Zacatecas et Guadalupe. Il est important de souligner que ces sentiers comprennent des chemins et des infrastructures d’usage public situés dans des champs, des rues et  des vestiges du Camino Real qui conservent encore leur pavement original. Des forêts de pins et de chênes, des champs de cactus et des pâturages, entre autres, tout comme la diversité de la faune seront ainsi protégés.

Journal local "Zacatecas Hoy", Mexique
Le 26 Novembre 2009
Traduit par Quitterie Albientz pour Arutam


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L’itinéraire sacré des Huichols
Un exemple de la complexité de la protection juridique de l’esprit des lieux


Résumé
La Route des Huichols qui passent par des sites naturels sacrés jusqu'à Huiricuta a été inscrite sur la liste potentielle du Patrimoine Mondial de l’Humanité; il s’agit d’un couloir Est-Ouest de 800 km qui s’étire de la côte Pacifique jusqu’au désert de Chihuahua.
Cette route est sacrée pour les populations indigènes huicholes et existe depuis des millénaires. Elle inclut des sites naturels (forêts, rivières, rochers, paysages) considérés comme sacrés. Respectant une tradition ancienne, les Huichols entreprennent chaque année, un pèlerinage sur la route sacrée renouant avec sa signification spirituelle et culturelle. La route est un excellent exemple de la manière avec laquelle la relation entre l’héritage immatériel et les sites naturels créée une signification transcendante de l’identité et de la vie religieuse d’une communauté.
Quand nous analysons la stratégie mise en œuvre pour la protection des sentiers de pèlerinage, il est évident que le traitement juridique de l’esprit des lieux représente un défi complexe pour la législation nationale de l’héritage culturel.

Les Huichols
Les sociétés méso-américaines connues aujourd’hui sous le vocable de Huichols constituent une des cultures indigènes qui a survécu avec le plus de vivacité  sur le continent américain. La principale raison de la survivance de la culture huichole réside en la ténacité collective de la communauté à respecter une tradition ancestrale servie également  par des facteurs qui relèvent de la topographie, l’organisation politique décentralisée et la capacité d’adaptation à l’environnement historique incluant une participation active dans l’histoire du Mexique occidental.
Environ 18 000 Huichols vivent au sein de communautés dispersées sur un territoire de plus de 4 000 km² situé au Sud de la Sierra Madre Occidentale où les Etats de Jalisco, Nayarit, Zacatecas et Durango convergent. Le Huichol ou Huixarica est une langue sans forme écrite. L’organisation politique des Huichols est complexe d'autant plus qu'elle interagit avec les formes modernes d’organisation. Dans la première moitié du 20eme siècle, après la révolution mexicaine et la guerre de Cristero, le gouvernement fédéral mexicain a reconnu les Huichols en trois grandes communautés agraires et plusieurs "ejidos" adjacents qui rassemblent les 5 tribus Huicholes ou gouvernement  parmi lesquels on trouve de notable différence de dialecte, de rituel et d’habillement.
La fondation du tissu social Huichol repose sur des centres cérémoniels ou "tuquipa". On compte plus de 15 centres cérémoniels dans la Sierra Madre Occidentale qui varient en organisation, prestige et importance créant ainsi une structure différenciée de pouvoir politique au sein des régions environnantes. Les cercles des anciens ou cahuiteruxi, les hommes qui savent tout, et qui représentent la plus ancienne hiérarchie politique siègent au sein de la "tuquipa". Aux centres des cérémonies ou tuquipa, chaque clan possède au moins un représentant, qui entre autres responsabilités doit garder la gourde cérémonielle "jicara" du clan. C’est un petit réceptacle qui contient symboliquement l’espoir de vie. Ces représentants sont généralement dénommés "jicareros".
Les cérémonies liées à la terre sont une composante fondamentale de la vie religieuse des Huichols. Ces cycles rituels sont associés aux actions pour demander de la pluie, préparer la terre, obtenir une bonne récolte ou chasser le cerf. La fonction éducative des rites liés aux cycles de la nature est fondamentale pour le futur, parce que l’héritage ancien est recréé, transmis par leur intermédiaire sous forme de chants, contes et rituels sophistiqués.

L’itinéraire sacré des Huichols
La géographie huichole inclut des lieux très distants les uns des autres, soit l’équivalent de la distance entre Mexico city et la frontière avec les Etats-Unis. Les sites les plus importants sont situés dans un couloir de 800 km orienté Ouest Nord-Est de la côte Nayarita à Huiricuta au Nord de San Luis Potosi. Route huicholLa route orientale des Huichols vers Huiricuta relève d’une importance particulière due a son rang hiérarchique dans le rituel des cycles de la nature, la fréquence avec laquelle elle  est utilisée et le nombre d’utilisateur. Elle s’étire sur 500 km et court Est Nord-Est à partir du territoire huichol. Elle traverse la fourche dans laquelle les Etats de Jalisco et Zacatecas sont imbriqués pour ensuite traverser ce dernier transversalement rejoignant sa capitale Zacatecas. Une fois dans l’Etat de San Luis Potosi, la route circule vers la Sierra de Picachos de Tonalillo pour finalement s’ouvrir sur la réserve naturelle et culturelle de Huiricuta. Le terme « route de Huiricuta » réfère en fait à une tresse de sentiers, pistes et même asphaltes qui sont empruntés selon différents facteurs. Il est important de souligner que la route en supplément des pistes ancestrales huicholes compte des vestiges des routes coloniales et des chemins à bestiaux. Elle traverse plusieurs Etats mexicains et municipalités disposant de régimes juridiques différents tant sur la nature de la propriété que l’usage des terrains et sentiers. Ce qui s’ajoute au droit positif applicable au niveau fédéral.
Les membres des centres cérémoniels ont l’obligation d’entreprendre le pèlerinage via la route de Huiricuta en hiver, après la moisson. Néanmoins les familles et individus peuvent aussi voyager sur la route toute l’année. Les Huichols considèrent que la route de Huiricuta est habitée par des divinités et esprits des ancêtres, les esprits de certaines espèces animales (le cerf ou le loup) et par des phénomènes naturels comme le vent, la pluie, les nuages ou la fertilité de la terre. Les Huichols identifient également certains de ces éléments comme des frères plus âgés ou des guides, les tamatsi qui bénissent les pèlerins leur apportant sagesse et direction spirituelle ou difficultés et punitions.
Les divinités et les esprits habitent précisément ces sites sacrés où selon les Huichols, ils « expriment leurs voix ». Les lieux sacrés sont situés sur des îlots, marais, lagons, sources, forêts, montagnes, grottes er autres formations rocheuses. Les cahuis sont des formations rocheuses qui représentent pour les Huichols, des traces laissées par les cacauyaris, des demi-dieux pétrifiés qui ont modelé le paysage lorsqu’ils ont échoué au test de la création dans des temps préhistoriques.
La route de Huiricuta constitue un parfait exemple de « l’esprit des lieux », une constellation d’espaces naturels et de phénomènes dotés d’une profonde et ancienne signification spirituelle pour les Huichols. Quand les Huichols regardent un paysage, ils voient une ancienne mosaïque porteuse de sens qui est constamment nourrie par les rites sociaux de pérégrination sur la route.
L’objet fondamental du pèlerinage est de suivre les pas des ancêtres pour demander pluie et bien être. Un autre objectif particulièrement important du pèlerinage est l’éducation et les expériences formatrices. Le pèlerinage s’apparente à une Université itinérante ou les néophytes acquièrent des notions liées à la route, aux traditions, à la signification de rites sacrés, aux divinités et aux coutumes des Huichols. Chaque site sacré recèle un héritage tribal qui est remémoré par la marche du pèlerin, lorsqu’il est effectué avec un guide approprié. La poursuite de l’itinéraire est ainsi éclairée par une lecture d’un codex rédigé dans le paysage. Pour ces raisons la préservation de ces routes est critique pour la survie des Huichols.
Un autre aspect bien connu du pèlerinage est l’ingestion rituelle du peyotl depuis des temps immémoriaux. Bien que son usage soit autorisé pour les populations indigènes par des traites internationaux ratifiés par le Mexique, la régulation fédérale et locale pour son usage rituel présente des défis pratiques et légaux pour la protection de l’un des éléments essentiels du pèlerinage des Huichols sur la route de Huiricuta.
En plus de représenter des espaces naturels inestimables pour les Huichols, les itinéraires sacrés et paysages sont situés dans des lieux qui ont une importance environnementale planétaire unique. Le corridor traverse la partie Sud de trois eco-régions extrêmement riche en biodiversité : le Golfe de Californie, la Sierra Madre Occidentale et le désert de Chihuahua qui regorgent tous d’une flore et une faune remarquable et menacée. Le désert de Chihuahua est l’une des trois zones désertiques de la planète les plus riches.
L’itinéraire huichol recèle des espaces remarquablement bien conservés qui sont autant d’habitats uniques pour des espèces menacés et qui dans certains cas, ont été inscrites parmi les différentes catégories  « d’espace prioritaire pour la conservation » à la fois par des organisations nationales  (CONABIO, SEMARNAT, CONANP) et par des organisations internationales (UNESCO, RAMSAR). La route de Huiricuta fait également partie de la collection coloniale et des anciennes routes préhispaniques d’échanges commerciaux et culturels qui mériteraient d’être étudiés et qui étaient fondamentaux pour l’intégration continentale qui s’est déroulée en de multiples directions tout au long du millénaire.

Protection des itinéraires sacrés des Huichols
Malgré un environnement utile, des changements sociaux accélérés et des dégradations, les rites huichols qui comportent une profonde identification avec les phénomènes naturels sont parvenus à survivre mais les risques encourus sont énormes. Dès lors afin de conserver leur continuité, il est urgent de promouvoir et de concevoir un traitement spécial pour tous les aspects impliqués dans le sauvegarde de l’intégrité et de l’environnement au sein desquels ces itinéraires culturels circulent. Beaucoup a été entrepris mais l’importance planétaire des sentiers de pèlerinage et les risques croissants  demandent une action vigoureuse par tous les participants internationaux, gouvernementaux et privés.
Conservacion Humana A.C. (CHAC) est une ONG dédiée principalement à la protection des paysages culturels des Huichols. Suite à un accord avec les autorités traditionnelles huicholes, CHAC a développé une initiative pour préserver l’héritage culturel lié à ces routes et sanctuaires qui vont encourager le développement durable des populations locales. Pour atteindre cet objectif, des travaux ont été entrepris de manière transversale avec des institutions gouvernementales et internationales. L’initiative est organisée autour de la promotion, de l’application de la conservation et de la planification de l’usage de l’espace articulées avec des instruments économiques, sociaux et des politiques culturelles. L’initiative promeut et est soutenue par des ressources récemment déléguées par la communauté internationale incluant des entités comme la Banque Mondiale, l’UNESCO, ICOMOS et l’Union Européenne.
Parmi d’autres accomplissements, CHAC a coordonné la formation de la réserve naturelle et culturelle de Huiricuta et promu les changements législatifs dans l’Etat de San Luis Potosi conçus pour protéger cet héritage culturel et naturel  exceptionnel. Pour la première fois au Mexique un dispositif légal a été inscrit à la fois dans les lois  environnementales et celles relatives à la culture dans cet Etat. Une autre étape notable fut l’inscription de la route sur la liste potentielle mexicaine du Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’UNESCO.

Les défis juridiques pour la protection des itinéraires sacres des Huichols
Récemment, CHAC et ICOMOS Mexico ont entamé une collaboration sur une proposition de stratégie  juridique pour la protection des itinéraires sacrés des Huichols. Le problème le plus important dans la définition d’une stratégie pour la conservation des itinéraires sacrés est que les « itinéraires culturels » ne sont pas reconnus en tant que catégorie protégée par la législation mexicaine. Depuis déjà plus de dix ans, ICOMOS Mexique à constamment proposé à l’Institut National Anthropologique et Historique (INAH) le besoin de revoir et d’amender la loi fédérale archéologique, artistique et historique des Monuments et des Zones (LFMZ) afin de reconnaître et de protéger les catégories de l’héritage culturel comme les espaces naturels et les itinéraires.
La définition d’une stratégie juridique pour la protection des itinéraires sacrés huichols devrait intégrer les actifs matériels et immatériels, l’environnement naturel, et les responsabilités des diverses autorités gouvernementales impliquées ainsi que la conception et l’application d’instruments juridiques nécessaires.
Dans le cas des actifs tangibles, on recense des constructions archéologiques, historiques et traditionnelles sur les sentiers. Les monuments archéologiques sont protégés par l’INAH en accord avec la LFMZ. La conservation des constructions non archéologiques relèverait de la responsabilité des autorités étatiques au moyen de la législation sur l’héritage culturel. Dans tous les cas, cette dernière est limitée à la régulation des activités de construction dans les monuments, au contrôle des recherches archéologiques à la supervision des activités et à l’imposition de pénalités.
L’environnement naturel représente un aspect fondamental de la protection des itinéraires. La législation environnementale et sa planification,  les instruments juridiques et techniques ainsi que la conceptualisation générale de la conservation conjointe des valeurs culturelles et naturelles constituent un avantage  à l’opposé de la vision limitée de la législation culturelle mexicaine qui dans sa vaste majorité est exclusivement dirigée vers la protection des bâtiments sans prendre en considération l’environnement naturel et la réalité intangible culturelle.
Les lois environnementales fédérales et locales établissent l’autorité des agences correspondantes pour déclarer une Zone Nationale Protégée (ANP) au niveau fédéral ou au niveau local, les Zones Locales Protégées (ALP). Dans  le cas des itinéraires sacrés huichols, leur reconnaissance en tant qu’ANP ou ALP serait justifiée pour protéger les pratiques et connaissances traditionnelles, mais aussi l’environnement naturel des monuments et sites. Cependant, comme indiqué précédemment, seul l’Etat de San Luis Potosi a déclaré la réserve naturelle et culturelle de Huiricuta comme ALP, ce qui est une reconnaissance très importante.
Eu égard à l’héritage immatériel que représente l’esprit des lieux due à la proximité  entre la nation huichole et les sites naturels, la LFMZ ne considère pas la protection de l’héritage immatériel. Des lois relatives à l’héritage culturel local recèlent des règlements mais qui sont limitées à la protection de l’inventaire de l’investigation et des activités de promotion.
L’article 2 de la Constitution de l’Etat fédéral Mexicain indique que le Mexique a une conformation pluriculturelle basée sur des groupes indigènes et reconnaît leur droit à la libre détermination et à la préservation de leur langue, connaissance et tous les éléments qui constituent leur culture et identité propre. Une telle disposition constitutionnelle n’a pas été retranscrite dans le corpus juridique et demeure déclaratoire. De même, la loi fédérale mexicaine de la propriété intellectuelle établie que la pratique et les us et coutumes sans auteur identifié sont protégés. Cependant, cette loi est clairement insuffisante pour protéger les itinéraires sacres huichols faits d’espaces culturels complexes.

En conclusion la vision limitée de la législation mexicaine de l’héritage culturel et l’absence de mécanismes légaux pour la protection de l’héritage immatériel représente un risque important pour la conservation exhaustive des lieux culturels et naturels significatifs pour les communautés. Dans le cas de la route de Huiricuta et des itinéraires sacrés des Huichols en général, cette situation est spécialement critique. L’héritage culturel est un concept en constante évolution qui incorpore constamment de nouvelles catégories complexes. Seul l’anthropologie reconnaît cette relation intime entre héritage construit, environnement naturel et vie sociale.
Il est donc urgent de rédiger les amendements nécessaires pour créer des mécanismes de protection pour de nouvelles catégories de notre héritage culturel. Puisque l’héritage culturel représente un phénomène social complexe et que les monuments, sites, routes et paysages sont sujets à différents intérêts sociaux et individuels, il faut protéger les monuments et sites avec une approche exhaustive pour mieux coordonner de tels intérêts et assurer une protection effective.
L’héritage comporte toujours un sens humain. Les monuments et sites ne peuvent être séparés des attributs portés par les sociétés. Tout projet de conservation sera incomplet si les valeurs, symboles, et significations ne sont pas inclut dans sa conceptualisation et exécution. L’héritage culturel, sa signification et ses valeurs sont une propriété sociale qui doit être identifiée et protégée. La route de Huiricuta et les itinéraires sacrés huichols en sont d’excellents exemples. Le droit des Huichols à la protection de leur culture ne sera pas effectif tant que les actions gouvernementales sont limitées aux actifs tangibles. Lors de la gestion des actifs spirituels, sacrés ou traditionnels, la representation de l’opinion de la culture visée est fondamentale. L’instrument le plus prépondérant pour la protection de l’héritage culturel dans le futur sera l’éducation, la planification, et des mécanismes internationaux et locaux efficaces.

© James Ritch Grande Ampudia, jritch@ritch.com.mx, CHAC
& José Ernesto Becerril Miró, ICOMOS, 2007
Traduit de l'anglais par Dominique Roudaut pour Arutam




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