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LES
SAPARA,
UN
PEUPLE
MENACÉ !
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1. Antécédents
Le territoire Sapara fut officiellement créé
par le gouvernement équatorien, sous la dénomination "Titulo
de asentamiento tradicional Zaparo", suite aux
événements nationaux ayant émaillés la célébration des
500 ans de la découverte des Amériques par Christophe
Colomb, le 22/10/1992. L'association Arutam travaille sur
ce territoire depuis Novembre 1992 :
- 1993 :
rapport de la situation sanitaire des Indiens Sapara
publié dans " Salud y población indígena de la
Amazonia ", Editions Tratado de Cooperación
Amazónico, Quito, 1993, pages 305-312
- 1993-1997
: en partenariat avec la Communauté Européenne, le
Tratado de Cooperación Amazónico (TCA) et
Pharmaciens Sans Frontières (PSF), programme de
soins de santé primaire
- 1997-1998
: en partenariat avec la Fondation Altropico,
programme de renforcement communautaire, création de
l'ONAZE (Organización de la Nacionalidad Zapara
del Ecuador) le 09/07/1997
- 1999-2002
: de nouveau en partenariat avec PSF, programme de
santé primaire dans les territoires Sapara : ONAZE et
ANAZPPA (Asociacion de la Nacionalidad Zapara
Provincia de Pastaza)
- 2004 :
Participation active dans le processus d'unification
de tous les Sapara d'Equateur en collaboration avec
CODENPE : fusion de l'ONAZE et de l'ONZAE
(ex-ANAZPPA) en NASE réalisée en 2009
- 2009-2011
: Formation d'Eco-Gardiens Sapara en collaboration
avec la Fondation Altropico
- 2011 :
Obtention d'un deuxième titre foncier pour la partie
du territoire sapara frontalière avec le Pérou (70.526
hectares) et création d'un sentier écologique
reliant les villages de Wiririma et Nuevo Amazonas
2. Situation
actuelle du territoire Sapara
2.1. Situation
géographique et sociale
Le territoire Sapara tel qu'il a été
délimité par le gouvernement équatorien est, avec le
Parc Yasuni dans la province du Napo, la zone la plus
marginale du pays et à ce titre, possède l'une des plus
fortes biodiversité du monde. Trois raisons à cela :
- Ce
territoire n'est accessible que par avion après 50
minutes de vol. A l'Est, la route la plus proche se
trouve à 150 km (8 jours de marche). A l'Ouest,
malgré le récent règlement du conflit entre Equateur
et Pérou, la frontière reste fermée et empêche toute
communication par voie fluviale vers le sud-ouest.
- Aucun
grand fleuve ne traverse ce territoire. Le Rio
Conambo est navigable seulement à partir de Conambo
et le Rio Pindoyacu à partir de Chuyayacu. A noter
que l'union de ces deux fleuves à la frontière donne
le Rio Tigre, l'un des principaux affluants de
l'Amazone.
- Sa densité
de population est inférieure à 0,2 habitant/km² ce
qui conduit à une faible pression sur le biotope.
Ces
caractéristiques font de cette zone un des meilleurs
modèles de territoire autochtone encore préservé (3.200 km² au total,
soit 4 % de l'Amazonie équatorienne). Il fut classé par
le TCA, organisme regroupant les huit pays amazoniens,
comme zone pilote, sorte de vitrine pour la
préservation. Malheureusement à l'exception de la
délimitation territoriale effectuée en 1994, aucune
autre aide n'est venue concrétiser ces engagements.
Sur le
plan sociopolitique, les Indiens Sapara sont peu
nombreux et insuffisamment organisés, surtout si on les
compare à leurs voisins Kichwa (60.000), Shuar (45.000)
et Achuar (8.000). Ils sont parmi les plus pauvres
d'Amazonie. Vivant encore en autarcie, sans aucune
production agricole exportée de leur territoire si ce
n'est la cannelle, le revenu moyen annuel par famille
est estimé à 100 $. De plus, les Sapara auront à subir
l'avancée de la prospection pétrolière dans les
prochaines années (Bloc 17). Rien n'a été fait pour
consolider leur cohésion ethnique et leur identité
culturelle. Seuls des programmes de santé ont été
développés dans l'urgence.
2.2.
Situation démographique et linguistique
Le territoire
Sapara (NASE) ne compte que 1500 Indiens (chiffres
2009) répartis
en 17 communautés :
750 immigrants
Kichwa ou Achuar
Indiens venus
dans les années 1970-1980 des territoires amazoniens
voisins à plus
forte densité démographique, soit 60 % de la population
500 métis
Kichwa/Sapara ou Achuar/Sapara
Indiens issus de
mariages interethniques, soit 30 % de la population
250 Sapara (15 %
de la population totale)
dont seulement
une quinzaine parlent ou comprennent la langue Zapara
La langue
dominante, parlée par la totalité des Indiens du
territoire Sapara, est le Quichua. L'Achuar est parlé
dans 30 % des maisonnées comme seconde langue.
L'enseignement scolaire est en langue espagnole dans la
zone ONAZE. Il est bilingue espagnol/quichua dans la
zone ANAZPPA. 60 % de la population parle l'espagnol.
La langue Sapara
est bien spécifique. Elle se rattache au groupe de
langue Huaorani/Tageiri et est très proche de l'Arabela. Elle est donc
différente du groupe dominant d'Amazonie dit des
Arawaks. Au total, il n'existe qu'une vingtaine de
personnes âgées parlant ou comprenant le Sapara. Ces
derniers devraient disparaître dans la décennie à venir.
Elle n'est donc plus parlée, si ce n'est lorsque deux
vieux Sapara se rencontrent et dans la mesure où ils
renoncent à se parler en Quichua (pour ne pas être
compris des autres !).
La localisation
approximative des Sapara parlants en 2005 est :
7 dans l'ex-zone
ONAZE :
Conambo (1), Balsaura (1), Torimbo (2+2 comprenant),
Shiona (1)
7 dans
l'ex- zone ONZAE :
Jandiayacu (2), Masaramu (2), Llanchamacocha (3)
Il est
possible qu'il existe encore quelques Sapara parlants
au Pérou sur les fleuves Tigre ou Curaray (recherches en
cours)
A notre
connaissance, aucune étude complète de la langue Sapara
n'a été faite que ce soit au Pérou ou en Equateur. Il
est par contre possible que certaines archives des
missions franciscaines du siècle dernier renferment
quelques rudiments de cette langue. Il existe un
dictionnaire NASE de vocabulaire Sapara et des cours de
Sapara dans les écoles.
3. Le projet
Eco-gardiens (2009-2012)
La biodiversité en Haute-Amazonie
équatorienne est l’une des plus élevées du monde de par
sa situation géographique sur la ligne équatoriale et au
pied des Andes. Cette biodiversité est aussi l’une des
plus menacées du monde, car le taux de déforestation
dans cette zone a atteint ces récentes dernières années
2 % par an. A ce rythme, la forêt primaire disparaîtrait
en 2070. Il faut agir en mobilisant les populations
locales.
Les efforts
conjoints de plusieurs ONG internationales dont Arutam
ont conduit à la restitution de titres fonciers aux
autochtones de la région, soit au total 600.000 hectares
de forêts primaires pour les Indiens Shiwiar et Sapara.
Malgré la récupération de leurs terres, la pression
écologique sur ces territoires est en constante
augmentation (projets d’exploitation pétrolière et de
plantation de palmiers à huile, extension des routes et
des pâturages). Face à cette menace, les autochtones
demandent à être reconnus pour leur rôle actif dans la
conservation et à pouvoir directement bénéficier des
aides internationales pour services environnementaux à
la planète (Déclaration de Manaus, 2008).
Il est important de :
- Sensibiliser
les populations locales quant à leur rôle déterminant
dans la conservation des forêts tropicales
- Faire
reconnaître leur contribution active dans le maintien
de la biodiversité et le stockage du carbone
- Leur donner
les moyens organisationnels, techniques et financiers
pour protéger leur biodiversité
- Leur
permettre d’obtenir une source de revenu alternatif à
la déforestation
Suite à la demande des organisations
autochtones de trouver les moyens de conserver la
biodiversité et de valoriser eux-mêmes leurs
territoires, notre démarche consiste à les accompagner
dans ce projet avec les objectifs suivants.
3.1. Objectif général
Préserver la biodiversité végétale et
surtout animale en impliquant les autochtones dans la
gestion environnementale de leurs territoires, tout en
valorisant leur rôle dans la conservation de ces espaces
naturels.
3.2. Objectifs spécifiques
- Sensibiliser
les autochtones quant à leur rôle dans la
préservation de la biodiversité, puis les former
aux techniques modernes de gestion de la forêt (20
villages)
- Obtenir
le classement sociobosque de ces forêts : «
réserve forestière habitée » selon les normes
actuellement en vigueur en Equateur
- Recenser
et suivre l’évolution de la biodiversité dans les
territoires shiwiar et sapara, en tout
particulièrement certaines espèces témoins : aigle
arpia, toucan, dauphins d’eau douce, singe
paresseux, singe tamarin, signe araignée, singe
rouge (ancêtre mythique des indiens sapara)
- Valoriser
la conservation comme une activité de
développement durable pour ces populations
incluant écotourisme et extractivisme durables
3.3.
Résultats
obtenus
R1: 3.000
indiens shiwiar et sapara sensibilisés sur leur rôle
et leur intérêt quant à préserver la biodiversité
R2:
Enregistrement « Sociobosque » auprès du gouvernement
équatorien d’une partie des territoires shiwiar et
sapara
R3: Formation de 20
gardes écologiques (10 Shiwiar et 10 Sapara),
promoteurs de la biodiversité dans 20 villages du
territoire à préserver
R4: Mise en place
d’au moins
un projet de valorisation de la biodiversité
(écotourisme)
Pour en savoir plus
sur les Sapara :
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