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Une adaptation musicale d'un chant chamanique shipibo par Lunaspice Une cérémonie de soin shuar (Celle-qui-est-venue) Cela faisait depuis plusieurs mois que
je me préparais à recevoir le soin des
plantes médicinales sacrées d’Amazonie,
malgré mes peurs et mes doutes. Comme souvent pour
d’autres rencontres dans ma vie, je suis allée vers
cette cérémonie muée par une
conviction profonde de nécessité, mais avec
des a priori dont je prends note soigneusement sans
pourtant y succomber tout à fait. J’avais, pour de
multiples raisons, besoin d’y être
accompagnée par un allié. J’ai
proposé donc à trois différentes
personnes de venir, mais une seule d’entre elles a
répondu présent.
Le travail a démarré pour moi bien en amont de la cérémonie proprement dite. Plusieurs rêves annonciateurs, surtout des rêves « musicaux », m’ont donné des indications sur la puissance de ce que j’allais vivre. Dès le premier contact avec le chaman, j’ai commencé à être traversée par des prises de conscience sur ma vie et mes préoccupations, pensées d’une grande lucidité que sa simple présence faisait émerger en moi. L’installation dans le cercle Lorsque tout le monde s’est installé, le silence se fait. Je perçois l’ouverture de la cérémonie lors d’un vol d’oiseaux qui passe dans le ciel, comme un signal ou un appel pour dire que les choses sérieuses peuvent commencer. Le chaman se prépare, revêt ses habits cérémoniels et se présente. Je suis très réceptive au fait qu’il incarne une tradition ancienne, éminemment respectable, et qu’il est une figure reconnue par son peuple. Quel est aujourd’hui l’homme qui pourrait en dire autant chez nous? Il nous fait ensuite venir auprès de lui pour recevoir les peintures rituelles en nous demandant de lui dire quel animal ou quelle personne on veut « être » durant la cérémonie. Je ne sais pas trop quoi choisir. J’ai le sentiment que toutes mes pensées convergent vers une même chose mais que je ne peux pas les résumer en un mot ou un animal. Je m’en remets donc au chaman. Lorsqu’il m’indique le nom de l’animal qu’il m’attribue je comprends qu’il s’agit là non pas d’un baptême totémique mais plutôt d’une figure de protection. En effet, il s’agit d’un animal sacré très puissant mais qui est très loin de moi culturellement et que je ne pense en aucun cas pouvoir « m’approprier ». En revanche, cet animal me renvoie symboliquement à des qualités d’être et je me dis que ce sont ces qualités-là que je dois chercher à développer dans ma vie et que l’enseignement de la médecine m’y aidera. La prise des médecines Nous commençons tous par absorber le tabac sacré en inhalation. Malgré son côté piquant le goût me plaît. Depuis quelques minutes déjà les propos du chaman me faisaient « partir » et je me mettais à avoir des visions: stries lumineuses, rythmes texturés ou organiques, formes et visages, contrastes positif/négatif, auras lumineuses (etc.) Mais le tabac vrille mes entrailles à la terre. Lucide et bien au sol dans mon assise, je ne « pars » plus mais reprends au contraire contact avec la matière. Cela me mets en confiance pour la suite. Le chaman démarre alors le premier chant avec son arc musical. Je suis subjuguée. J’ai rarement entendu quelque chose d’aussi beau, d’aussi doux et harmonieux. Je ressens beaucoup d’euphorie et de joie. C’est alors que vient à moi une question. Cette question va rester avec moi et les réponses vont s’égrener durant toute la nuit. Lorsqu’on me présente l’ayahuasca, je la bois sans trop de difficulté. Là encore, son goût amer de noix fraîches me plaît et je l’accueille dans mon ventre avec plaisir. On m’a prévenu de ses effets (tremblements, sensation de froid et nausées) mais je suis déjà depuis plusieurs jours dans une fébrilité identique et il n’y a pour moi aucune réelle transition entre l’avant et l’après. Au contraire, j’ai plutôt l’impression que sa diffusion dans mon corps me donne une sensation de fraîcheur douce, un nettoyage vibratoire très agréable. J’écoute ainsi sa diffusion dans mon corps et j’entreprends de la suivre dans mes blocages et dans mes tensions physiques. Le chaman a commencé ses projections de plantes médicinales. C’est tellement bon, leur odeur est si vivifiante et parfumée que je ne peux pas m’empêcher de frotter le liquide contre mon visage, oubliant que j’efface par ce geste mes peintures rituelles. Tant pis, car je ne vais pas tarder à pleurer comme une cascade. C’est d’ailleurs à ce moment là que je me rends compte que certaines pensées (ou certains événement auxquels ces pensées me renvoient) me donnent des hauts-le-cœur. Je sais déjà que c’est cela que je vais devoir vomir, mais je ne suis pas encore tout à fait prête. Un concert céleste Le chaman a repris son chant. Il fait un tour consciencieux du cercle et mes visions s’affinent. Je vois de multiples visages dans les arbres tout autour de nous. C’est très beau. D’ailleurs, à ce moment là je n’ai plus le sentiment d’être dans le lieu de départ mais sur un autre plan, ailleurs, dans un espace parallèle. Certaines personnes vomissent à mes côtés et cela me donne envie de tousser. Le chaman n’est plus très loin de moi. Sa musique m’appelle et j’appelle alors de tous mes vœux sa présence à mes côtés. Le temps qu’il me consacrera me semble infini. Je le sens très présent et à la fois constitué d’une matière impalpable. C’est comme si je voyais à travers lui la voie lactée. Sans me parler il me dit que nous, être humains, sommes sur cette terre pour en prendre soin, car elle nous soigne en retour. À cet instant même, le chaman est cette conscience de la beauté de la terre que je perçois en toute clarté. Est-ce avant ou après? Toujours est-il que le chaman est revenu avec ses projections de plantes. Cette fois-ci, les projections sont plus longues. Il appuie ses mains sur le haut de mon crâne et cela me donne l’impression d’être un soufflet qui s’enfonce dans le sol et dont il aspire quelque chose par un mouvement ascendant. Il remet sa main sur mon front après l’aspiration pour ne pas que « tout » se fasse la malle. Je fais une première tentative de vomissement sans succès, peut-être davantage pour repérer le trou d’aisance que pour me vider. Mes visions se font encore plus nettes quand je reviens dans le cercle. Je suis très attentive à la montée des nausées. Quand je repars une deuxième fois, seule, je sais exactement ce que je vais vomir. Cela vient de très loin, c’est très profond et je suis heureuse de m’en débarrasser. La deuxième fois que je repars pour vomir, ce que j’ai à vider est plus douloureux et je me sens beaucoup plus faible. Mais le chaman est là avec sa musique (bien que non présent physiquement) et cela me donne du courage. Je vais alors également me vider par le bas et je vois la lune qui s’est levée derrière la colline. J’ai une joie enfantine à être ainsi assise dans la nuit, avec les bruits des animaux, des plantes et un environnement d’une beauté inouïe. Je me sens soudain très fatiguée. La cérémonie n’est pas encore finie mais j’ai envie de m’allonger. Je me relève seulement lorsque le chaman est en face de moi, puis je me recouche. Des pensées négatives m’assaillent. Des regrets, des remords, des doutes... J’ai pas bien fait ceci, je n’ai pas bien fait cela. Je fais le vœux de lâcher cela et la plante m’indique aussitôt comment faire. Je me relève simplement pour voir le chaman faire la dernière prière au feu rituel. Dès que je suis assise des visions s’emparent de moi à nouveau. Je sens bien que je suis loin de la fin des effets de l’ayahuasca, mais plutôt au point culminant de mon expérience. Mais je me sens trop faible pour continuer à soutenir toutes ces visions. La cérémonie est finie et on peut se coucher. J’entends encore l’arc musical, mais très très loin, comme joué à une dizaine de mètres en dehors du cercle. Sans doute parce que je suis repartie « ailleurs »... L’orage et la pluie Je n’arrive pas à dormir. Je me relève de temps en temps pour noter mes impressions et toutes les visions de la cérémonie me reviennent à l’esprit. Je suis extrêmement fatiguée et j’ai froid. Je préférerai que les effets de la médecine se tassent mais c’est le contraire. Alors je laisse mon esprit filer dans des réflexions qui démarrent au quart de tour. Tout y passe : famille, boulot, société etc. J’ai beaucoup de lucidité et j’obtiens des réponses à mes questions. Soudain j’entends le tonnerre et une sensation de pluie qui s’avère fausse. Je me dis que l’on va tous devoir lever le camp et je me mets à nouveau à douter de tout... Doit-on rester, doit-on partir, dois-je faire confiance au chaman? Une part de moi me demande de lâcher prise et de m’en remettre aux événements, une autre détruit toute ma confiance et est pleine de critiques. Soudain, c’est le rocher derrière moi qui me rassure. Il nous protégera de l’orage, c’est sûr. Finalement, l’arrivée de la pluie me libère: la protection de la bâche tendue au dessus du cercle et chacun qui fait un effort pour donner un coup de main me remet en paix. J’aimerai rester comme ça des heures, dans cette douceur de la pluie et des corps. Mes pensées deviennent plus harmonieuses et j’arrive un peu à m’abandonner à la confiance. C’est alors que je me connecte à mon animal cérémoniel. Il me vient, en une phrase, la manière dont je peux m’y prendre pour développer les qualités dont il est le symbole. L’échange et la fin de la cérémonie Lorsque chacun émerge après une nuit agitée, le groupe est plus uni et le chaman s’habille pour clore la cérémonie. Il prend longuement la parole et ce sont des paroles bienfaisantes qui me renforcent dans mon désir de mettre toute mon énergie au service de la défense des forces de vie et du savoir qu’il incarne. Il parle longuement de la transmission, de l’héritage, du lien qui nous unit à nos ancêtres... Comme cela résonne en moi ! Chacun prend ensuite la parole et j’écoute avec attention ces récits qui me touchent. Je me sens d’une réceptivité accrue et toute l’humanité qui se dégage des expériences de chacun est une vraie bénédiction. Le partage du repas qui s’ensuit complète merveilleusement cet échange et plus que jamais je souhaite retrouver à chaque instant dans ma vie la simplicité des choses essentielles. Les effets de l’ayahuasca mettront encore une journée entière à se dissiper. Ma gratitude envers le chaman et les personnes qui m’ont aidé à le rencontrer est immense car je sais que cette expérience m’accompagnera durant tout le restant de ma vie. Qu’ils soient ici remerciés pour ce magnifique cadeau que j’ai reçu. Rituel Chamanique d’une nuit (JC) Un jour, je suis arrivée pour
participer à un rituel chamanique avec mon
époux et deux amies. Nous ne savions pas du tout
où nous mettions les pieds. Simplement, avec mon
intuition, je nous ai inscrits à cette
manifestation en sentant un appel à venir.
A notre arrivée, j’ai immédiatement ressenti qu’il allait se passer quelque chose d’important pour moi et j’avoue que la crainte mêlée à l’évidence d’être là dans ce lieu s’est vite révélée. Je travaille avec le Tarot et l’Astrologie et d’autres outils symboliques depuis 25 ans. Je ne me dis ni « tarologue » ou « astrologue » et je ne sais pas très bien me nommer devant l’exercice que je peux vivre avec ces deux outils et d’autres. Ils sont pour moi des outils qui me permettent à donner un sens à la vie de l’Âme. J’ai une formation de « thérapeute énergétique » se basant sur les traditions occidentales, notamment la kabbale et les traditions chinoises pendant 5 ans avec un médecin et ai suivi d’autres formations (psychogénéalogie et autres…). Bref ! Avec tout cela je ne me vois pas être « thérapeute ». Depuis ces derniers mois, je ne savais plus me nommer face à ce que je faisais, ce que j’apportais aux autres. J’ai été conduite vers ce rituel pour découvrir ce que JE SUIS. La plante, le remède m’a emmené et amené vers l’évidence. Voici ce que j’ai vécu : Dès l’instant où je me suis assise au sol, j’ai eu le sentiment que ce moment était important pour moi, un moment où le temps allait s’arrêter. La voix joyeuse et profonde du chaman présent m’a mise tout de suite en confiance et en jubilation intérieure. Cette confiance envers lui est restée fluide pendant toute la nuit. Je me savais accompagnée solidement. Le dessin sur notre visage venait signer ce sens à ce moment. Après avoir inhalé le tabac liquide et fumé la cigarette, je commençais déjà à partir dans une ouverture de tous mes sens extra-sensorielles. Je dois préciser qu’il ne me faut pas grand chose pour partir et que dans ma vie quotidienne je suis souvent connectée à des espaces qui ne sont pas visibles aux yeux humains où ma médiumnité laisse apparaître des messages, des images. Une fois pris le remède, comme je l’ai dit à haute voix, je sentais un froid qui me prenait mon corps. Donc, je me suis couverte pour me réchauffer. A partir du moment où le chaman s’est mis à jouer de son instrument, où mon époux s’est mis en mouvement de repli pour délivrer son estomac, j’ai commencé à sentir une chaleur monter en moi et à avoir très chaud. La tête me tournait, et j’ai eu besoin de retirer polaire et duvet pour rafraîchir mon corps, ma tête. Je ne savais pas si j’allais vomir, ce qui chez moi est difficile et rare, mais je voyais que mon corps ne pouvait plus tenir assis. Alors je me suis allongée et là j’ai commencé à voir autre chose, à partir dans des multiples. voyages La première vision a été de me voir m’enfoncer dans la terre qui m’a semblé en vie. J’ai entendu son cœur battre et des mosaïques indiennes, comme les dessins sur nos visages, sont apparues de multiples couleurs et formes géométriques sur le sol. Je me demandais si cela était vrai. Tout ce qui était autour de moi était présent, vivant comme un bruit sourd. Mes yeux essayaient de se fermer. Impossible, dès que je plongeais dans un gouffre profond, immédiatement mes yeux s’ouvraient et me disaient de regarder ce qui se présentait devant moi. A ce moment je me suis vue dans une volière qui occupait notre cercle, avec une paroi dorée soutenue par des tiges épaisses en métal doré et très espacées. Au premier abord, je me suis sentie comme dans un piège où je ne pouvais plus sortir et puis très vite en observant j’ai vu que c’était très beau et je me suis sentie protégée. Je regardais en détail cet espace, et à l’intérieur des fleurs de lys parfumées sur les parois venant du haut des arbres me donnaient de la beauté au regard, de la tranquillité à mon esprit. Au-dessus de cet espace, toutefois limité, il y avait un passage libre, sans barreaux, qui m’a amené à regarder le Ciel, seule porte de sortie pour moi. Tout se déroulait avec une grande lucidité. Me sentant mieux, j’essaie de me relever pour m’asseoir, difficile car j’ai la hanche gauche qui se coince. (Il est important que je précise que j’ai une coxarthrose aux deux hanches très avancée et que cela fait des années que je recule la date des opérations) Je ne peux plus bouger. Je fais un effort important pour me relever et regarde autour de moi qui peut m’aider sans vraiment pouvoir demander. Je finis par y arriver et me relève et là j’ai mon premier jaillissement, je vomis sur moi n’ayant pas le temps de me relever ou d’attraper le sac en plastique à mes côtés. Cela me fait du bien de vomir, je sens que je crache mes toxines, mes poisons intérieurs et je laisse venir. Je m’allonge à nouveau sentant mon corps défaillir. Je vois, j’entends le chaman aller et venir autour de nous tous par le rituel. Je me laisse faire sans chercher à comprendre ce qu’il fait. J’ai l’impression d’avoir déjà vécu cela, que je connais le sens de ce qu’il fait et je sais que cela m’est bénéfique. Je commence à me demander où je suis, à ne plus savoir reconnaître la réalité avec les sensations, les images qui se passent. Je me branche sur le chaman et immédiatement j’ai l’impression qu’il m’emmène chez lui dans une forêt épaisse, amazonienne où tous les bruits sont différents, les oiseaux, les animaux, la densité des arbres, des plantes, l’humidité du sol. Je me vois devant une cascade haute où l’eau tombe et me fait du bien. Cette eau me donne une chaleur, comme si elle était chaude, un bien-être total. Je n’ai pas peur, je ne me sens pas seule, tout est vivant autour de moi. Je perçois cette eau puissante et c’est comme si mes yeux se lavaient pour mieux regarder. Et puis, il se passe quelque chose qui se répétera à multiples fois, j’ai senti ma tête se transformer, se changer de forme avec ma bouche qui s’élargissait et devenait une gueule ouverte avec des dents pointues et je crachais. Ma tête devenait une gueule de jaguar qui crachait, je ne sais pas sur quoi, comme un chat qui désire qu’on le laisse tranquille, avec plus de puissance. J’ai vu mes yeux verts prendre une autre dimension et un autre regard, mes narines qui soufflaient différemment, ceci en quelques secondes. Retour ensuite à mes yeux qui essaient de s’accrocher à ce qui se passait autour de moi et je pars dans un autre voyage. Je me suis vue en femme indienne avec ma fille cadette (que l’on appelle souvent la « squaw »). Nous vivions ensemble dans le même village et beaucoup de sang se trouve autour de nous. Beaucoup d’êtres que l’on aime sont morts. Et c’est difficile à regarder, je plonge dans un gouffre et immédiatement mes yeux s’ouvrent. Il est important que je regarde ce qui est devant moi pour avoir les réponses que je cherche. Encore je ne sais plus où je suis, je ne maîtrise plus le temps et mes yeux m’emmènent vers le ciel, les étoiles et je regarde Véga, étoile qui me fascine depuis que je suis petit enfant, et je me dis que je suis comme elle, un point lumineux et que comme elle j’ai tant de messages de lumière à apporter au monde. Et s’entame une discussion avec le ciel, les étoiles et moi. J’entends en partage avec le Ciel que je fais partie de lui. Il est important que j’ai confiance en ce qui m'est délivré. Il me reproche de douter et de ne pas suffisamment écouter ce qu’il me dit. La symbolique de l’astrologie m’apparaît immédiatement vivante et je capte notamment ce lien que je peux avoir avec l’âme, les âmes. Les regards de lumière mais aussi les regards des ombres se défilant en chacun de nous. J’entends que je ne peux pas éviter de continuer de donner les Lumières révélatrices de l’âme. Tout message a son sens et je suis apte à en entendre toutes les subtilités. Seulement mon orgueil refusait de l’admettre par volonté de ne pas me soumettre. Dans ce dialogue je sens comme cela est juste et je ne peux pas tricher face à cette réalité intérieure. Sans cesse, lorsque je commence à plonger dans mes profondeurs fermant mes yeux, mes paupières s’ouvrent automatiquement au-delà de ma volonté, et à chacune de ces impulsions ma tête se transforme en jaguar ouvrant sa gueule et je crache un souffle puissant. J’entends ce bruit qui sort de ma gorge et de mes narines. Avec lucidité je continue mon voyage dans le ciel et les arbres qui m’environnent et me demandent si je suis bien présente. Je continue de vomir et le chaman continue d’œuvrer. Je le vois à multiples places à la fois. Parfois son visage a plusieurs regards en même temps devant, derrière, sur les côtés comme les statues "Khmer" aux 4 visages. Je ne perds pas le fil de son action sur moi ou sur les autres. Parfois ma tête se détache et fait tout le tour de notre cercle. J’ai pu voir certaines personnes se transformer en tel ou tel animal ou arbre. Les couleurs sont vives et il y a parfois beaucoup de lumière et d’obscurité. Les mouvements d’un accompagnateur à mes côtés sont aussi très en alertes. Je vois mon époux devant moi qui se vide et j’entends les besoins des autres sans ne rien pouvoir faire, et il est important que je ne fasse rien si non que d’être en discussion avec le ciel et surtout avec moi-même. Je continue de vomir et je rentre en communication avec mon foie. Mon organe me dit que cela suffit que je le martyrise. Il me dit que j’ai décidé d’être opéré il y a 25 ans de la vésicule biliaire et que jusqu’à maintenant il gérait sa fonction plus celle de la vésicule. Aujourd’hui il ne veut plus, il n’en peut plus. Alors je discute avec lui et je lui demande avec quoi je le martyrise. Il me dit que je me fais trop de soucis pour les autres, trop de bile et que cela au fur et à mesure l’empoisonne et qu’il ne peut plus éliminer. Qu’il est temps que je lâche les soucis par rapport aux autres. Alors défilent toutes les personnes pour qui je me fais de la bile. J’entends aussi que c’est moi toute seule qui crée tous ses poisons et qu’il est temps que cela s’arrête. Que l’on peut accompagner toute personne en difficulté de santé, d’âmes en souffrance sans porter leurs souffrances. Je ne peux pas les aider si je me nourris en plus de mes soucis. A ce moment je cherche une personne qui est venue avec nous. Et je ne la vois pas. Immédiatement mon foie me montre du doigt mes torts de m’inquiéter pour elle et que dans l’instant présent cela ne me regarde pas. Alors, j’ai vomi cette inquiétude et j’ai commencé à comprendre que ces soucis que je me crée pour les autres me donnent des lourdeurs de vie qui sont de moins en moins gérables et qui me font perdre ma Foi dans ce que JE SUIS parce que cela devient lourd à porter pour la bonne raison que ce n’est pas moi qui peut faire quoique ce soit pour eux, si non de continuer à les éclairer, à les guider et non à les porter à commencer par ma famille. A ce moment je peux contacter l’amour profond qui ne me demande pas de porter sur mes épaules le fardeau des autres. Une très belle aventure j’ai eu avec mon foie et ma foi. Mon foie me dit qu’il se nettoie que la plante le nettoie et que je ne peux plus faire comme si je ne le savais pas. Qu’à partir de ce jour je deviens responsable des empoisonnements que je lui donne et qu’il se laisserait mourir ! Je ne pouvais plus me vider par le haut, alors mon foie décide de se vider par le bas. Je commence donc à vouloir uriner et évacuer. A nouveau incapacité de pouvoir bouger. Mon handicap aux hanches ne m’aide pas. J’ai besoin d’aide pour me lever. Je tiens difficilement debout. Tout mon corps tremble. Toutefois, avec beaucoup de patience et de courage, un accompagnateur m’aide à marcher et à me poser pour me vider. Je reste en pleine nature, en dehors du cercle une heure environ, et j’y suis bien. Il vient me chercher tous les quarts d’heure et je veux rester ainsi seule, tranquille. Je rentre en communication avec la nature. Des animaux, lapins, des moutons viennent me parler. Des oiseaux. Je sens ma tête de jaguar de plus en plus présente, crachant de temps en temps. Une mouche vient l’embêter et il se laisse faire. Je sens toute la pollution atmosphérique de notre planète, des éclairs passent dans le ciel. Je m’aperçois que j’évite de regarder ce qui est à ma gauche. Alors je regarde et je vois des biches et des cerfs brouter tranquillement dans le champ. Parfois j’entends des voix au lointain ou la musique. Cela me fait du bien d’être seule. J’essaie d’assouvir mes besoins, j’ai beaucoup de mal à me lever et j’y arrive tant bien que mal. Les pierres qui sont à mes côtés me parlent, les herbes séchées me donnent du courage. Je vois comme une source sortir de terre et me donner de l’eau pour me rafraîchir. Et puis il est temps que je retourne dans le cercle. Je demande à l’accompagnateur combien dure le remède dans ses effets. Il me dit 6-8 heures environ, cela dépend des personnes. Il va s’avérer que pour moi ses effets vont durer plus de 18 heures. Avec leurs aides, je remonte tant bien que mal à ma place. Je m’allonge et je vois tant de Lumière au-dessus de moi, de nous, toutes ces fleurs si belles et qui sentent si bons, me permettent de ne pas sentir toutes les souillures sur mon corps. Je vois certaines personnes qui commencent à s’endormir. Pour ma part c’est impossible, dès que mes yeux se ferment, ils s’ouvrent immédiatement avec un automatisme extraordinaire. Mes yeux de jaguar sont de plus en plus ouverts et tranquilles. Une paix intérieure est de plus en plus présente. Tout devient tellement clair devant mes yeux. Je me dis que tout ce que je vis ne pouvait être qu’évident. La volière a disparu mais tout est si éclatant. Le Ciel est magnifique et m’offre une danse des étoiles de leur lumière étincelante. Je me sens faire « une » avec toutes ces lumières et toute la nature qui m’environne. Des oiseaux viennent et s’en vont. Des chouettes et des hiboux nous observent. Des écureuils, des singes passent d’un arbre à un autre. Un énorme serpent nous observe et nous regarde comme pour nous protéger. Des renards passent en famille. Des visages humains apparaissent, je ne sais pas qui ils sont, leur expression est bienveillante etc… Et puis beaucoup de personnes dans notre cercle s’endorment, j’entends des doux ronflements Le chaman continue de nous jouer de son instrument. Sa musique m’accompagne dans mes visions et dans mes ressentis. Je sens mon corps être encore en transe. Je vis tranquille l’aube qui se lève et m’émerveille de tout ce que je vis. Je m’étonne de ne voir aucune fatigue se lever devant mes yeux. Je sens que je suis bien nourrie et que je n’ai besoin d’aucune nourriture, que je ne peux plus rien avaler. Les discussions et les échanges du matin m’ont un peu fatigués, malgré la richesse de chacun. J’avais besoin de me laver. Je comprends ce que disait Ricardo d’aller se laver le matin dans l’eau fraîche. J’ai jeté symboliquement mes vêtements souillés comme lorsque l’on arrive au final du Chemin de Compostelle au bout de la Terre, à Fisterra, où il est important de jeter, brûler ou enterrer un vêtement qui a porté notre douleur pendant les mois de marche. Je vous offre mon témoignage tout simplement. J'espère que cela donnera à beaucoup d'âmes sur terre en quêtes de retrouvailles de leur Être avec la Nature qui l'environne, le désir à "oser" vivre cette expérience. Je voulais dire qu’aujourd’hui, je me sens en pleine forme où tout est en alignement en moi et autour de moi. Mon corps a pris un espace différent, je me sens vivre, sensation que je n’avais plus depuis quelque temps. C’est la première fois, depuis mes années de recherche sur mon sens de vie, qu’un face à face avec moi s’est vécu dans une telle intensité, intégrité et lucidité. Où aucune tricherie n’est possible. Où aucun aspect mental peut interférer. Où aucun contrôle n’est possible. Merci à la plante et à vous tous. Rituel Chamanique du 16 Septembre (Ayumpum) Comment ai-je eu l’information ? C’est
fin Juillet, au cours d’un dîner aux chandelles chez
des amis. La nuit était belle et
étoilée. Au cours d’une discussion à
bâtons rompus, une amie nous parle de son
expérience vécue en Equateur. Ma
curiosité fut immédiatement «
réveillée », et la documentation m’a
été présentée, me proposant
plusieurs dates pour un rituel. C’est ainsi que j’ai
aussitôt envoyé un e-mail. Je n’y croyais
plus, mais fin Août enfin j’ai reçu une
réponse, et c’est ainsi que le 16 Septembre vers
16h30 je participais au rituel.
Auparavant, mes amis m’avaient fait part de leur expérience, je m’étais donc préparé physiquement et mentalement. J’ai donc abordé ce rituel avec une confiance aveugle envres le chaman, un homme petit par la taille, mais ô combien grand par sa générosité, son humilité et son écoute. Personnage très puissant et très aérien en même temps, omniprésent durant tout le temps du rituel. J’avais par le passé, suivi deux initiations au solstice d’été et à l’équinoxe d’automne dans les pays Cathares. Cela avait déjà été très puissant et violent pour moi. Mais ce 16 Septembre le rituel chamanique a pris pour moi une autre dimension. J’ai passé une nuit extraordinaire. Merci de tout cœur au chaman. Ma quête était for simple : qui suis-je et que faire pour dissiper tous les doutes qui m’habitent et surpasser les peurs que je peux avoir (entre autre celle de ne pas être à la hauteur pour dispenser Reiki et massages).Je suis maître Reiki et je pratique également le massage traditionnel thaïlandais utilisé par les moines bouddhistes. Dans le cercle j’étais assis face au chaman. En l’observant, j’avais du mal à imaginer qu’un homme si simple soit habité par la grâce divine, doté d’une puissance infinie et d’une si profonde humilité. Le dessin que j’ai gardé toute la nuit tracé sur mon visage, le chaman me l’a attribué : « la force qui anime le chasseur ». Très révélateur pour moi ! Le nettoyage du nez par la macération de tabac a été très violent (douleur nasale à la limite du supportable) mais très efficace pour réveiller mes sens accoutumés au « soft ». La fumée de cigarette n’a pas pu inonder mes poumons, c’était trop fort pour moi. Dès ce moment par instant ma tête tournait comme si j’étais ivre. En regardant le cercle, je voyais un grand anneau de lumière très blanche .Ricardo m’est apparu avec son bandeau de plumes transformé en couronne de lumière très blanche (en réalité le bandeau est rouge et noir). Bien qu’étant présent et lucide je croyais halluciner. La première prise de la plante, accueillie avec respect par mon corps et accompagnée d’une prière m’a révélé le goût du « maté », goût qui m’a accompagné toute la nuit et même encore le matin suivant. Le ciel m’est apparu pendant cette période comme le bouquet final d’un feu d’artifice avec des éclatements d’étoiles par ci par là. La musique que le chaman nous a jouée une grande partie de la nuit, m’a accompagné jusqu’au lever du jour. En fermant les yeux pour essayer de m’intérioriser, à la recherche de mon « Moi », le mental (très perturbé) m’en empêchait en me faisant voyager très très vite du présent dans le passé, jusqu’aux temps égyptiens. Ils se présentaient aussi des flashs d’animaux tous plus bizarres et fantastiques les uns que les autres. J’avais l’impression d’être projeté dans la fiction. Je ne ressentais aucune nausée, j’étais très détendu. Mais je sentais qu’il me manquait quelque chose et j’ai accepté une seconde prise du remède accompagné de la même prière que la première fois. Là, mon ventre s’est mis à parler très fort à tel point qu’au petit matin j’ai vidé mon corps par le bas à deux reprises. Je ne sais d’ailleurs pas comment j’ai fait pour quitter le cercle, gagner le pré et rejoindre ma voiture pour me changer, car je chancelais littéralement. La notion d’équilibre avait disparu. Donc après la deuxième prise de remède j’étais totalement dans le cercle d’énergie et une fois encore, en essayant de m’intérioriser, le mental m’envoya une fois de plus des flashs. Le dernier flash qui m’ait marqué : une place sur laquelle des enfants détérioraient tout et ne respectaient rien. Je leur dit qu’ils n’étaient pas là pour détruire, mais pour construire et distribuer avec générosité : l’Amour. A ce moment là un visage souriant avec de grands yeux est venu m’embrasser. Avant de m’allonger le chaman m’a soigné à plusieurs reprises. Le soin par l’aspiration des maux en moi, surtout au niveau de cœur a été très impressionnant : tout d’abord la sensation d’un point très froid au niveau de l’aspiration suivie d’une sensation de grande chaleur qui envahissait progressivement ma poitrine pour ensuite se dissiper vers l’extérieur. C’est une fois allongé que mon ventre s’est manifesté de façon très violente et a tout évacué. J’avais également des mouvements de bras et de mains incontrôlés. Le bout de mes doigts picotait, comme s’il sortait des étincelles. Par les pouces coulait le trop plein d’énergie emmagasiné en moi. Le matin la restitution du vécu de la nuit de chacun fut très enrichissante. En fin de matinée la nourriture fut bénie sur l’autel et partagée entre tous. Je n’avais ni faim ni soif, mais il me fallait prendre quelques forces pour le retour. Je ne remercierai jamais assez le chaman pour cette merveilleuse expérience. Merci à tous ceux qui ont participé à l’organisation de ce magnifique rituel qui m’a comblé. La plante est aujourd’hui toujours présente en moi, car lorsque j’ai des doutes, des peurs ou des craintes, elle me rappelle à l’ordre et j’avance. Merci. Rencontre avec la plante Mon premier contact avec le monde
chamanique date de 1999. Déjà
émerveillée et surprise par une infinie
exploration de ma conscience à travers mon
âme, je restais à la fois submergée
par le désir de renouer avec la plante et à
la fois terrorisée par le fait que je devrais
peut-être repasser par un état de transe dont
à l'époque j'en ignorais le vécu et
même si le fait d'être médium me permet
d'accéder en partie à ce monde vivant, je
redoutais au fond de moi d'affronter une bonne fois pour
toute cette certitude de me reconnaître en tant que
telle. Je savais cependant qu'un jour je retournerai au
contact des chamans, tant celui-ci est purifiant et vrai.
Envolée les craintes lorsque je croisais Ricardo, homme de sagesse et de joie, la confiance était établie. Son visage rayonnant m’apparaissait rempli de certitudes, alors à quoi bon lutter, je savais que rien ne pouvait m'arriver si ce n'est un merveilleux voyage dont je suis toujours imprégnée tant les racines qui se sont greffées en moi sont profondes. La cérémonie sacrée pouvait commencer, je lui avais remis toute ma confiance et je savais que ma seule raison était de vivre cet instant précieux dans l'abandon de moi-même. Figure d'un autre temps, peinte par le sceau de son regard appuyé sur moi, je commençais déjà à me centrer en moi. Un moment, de sentiment de bien être dans le partage du cercle. Le rituel pouvait commencer, je savais qu'une autre réalité s'offrirait à mon âme. La prise du tabac, même si celle-ci est savamment forte au point de nettoyer rapidement et efficacement nos voies aériennes, commençait à ouvrir la porte secrète. Le tour de la plante arriva. Sa saveur amère descendit en moi et là, je me mis à lui parler en lui demandant d'être douce avec moi et de me conduire à ma réalité et qu'ainsi je la suivrai. En fait, je voulais qu'elle me montre le chemin et c'est ce qu'elle fît, voilà comment. Mêlées à la douce mélodie de la voix de Ricardo et celle de son archer, je ne tardais pas à partir, il est vrai qu'il m'en faut peu pour contacter l'autre monde mais là, c'était elle qui me dirigeait et je le sentis tout de suite au travers de mon corps. Elle passait avec une extrême rapidité le long de ma colonne vertébrale, me faisant sentir chaque vibration, chaque os, la vie vibrait en moi. Tout résonnait en moi. Mes organes je les sentais, chaque passage libérait une tension accumulée, j'avais la sensation d'être libérée du poids des contraintes je me sentais légère, mon corps ne m'appartenait plus ou tout du moins je ne le contrôlais plus, la plante m'avait littéralement ficelé, j'étais sa prisonnière, je ne pouvais plus bouger. Je lui ai dis ok, c'est cela que tu veux alors je te laisse maître de mon âme, je serai ton élève, apprends-moi. Là, tout à coup la vitesse s'accéléra, un champ lumineux s'offrit à moi. Certes les lumières de l'au-delà, je les vois, mais pas avec une telle intensité, c'était à la fois d'une violence inouïe. Elles me remplissaient ma tête, explosaient en moi, elles me nourrissent déjà en temps normal, mais là j'avais la sensation de les intégrer totalement. Je vous passe mes états de vomissement (tant de choses à extirper de mon corps). Les doutes, les peurs colmatées dans mon inconscient, ce puits précieux, il fallait qu'il crache son mal. Pas trop le temps de m'attarder sur mes manques car je voulais savoir, connaître et explorer. Vite fait bien fait, à peine demandée, on m'exauçait et devant moi, ce fut la révélation. Un balai d'étoiles d'une luminosité intense que j'absorbais, c'est comme si elles venaient s'éteindre en moi et tout à coup surgit dans un angle de ma vision, une colonne de mains jointes liées entre elles en arc de cercle, je pourrai si j'avais le don de peindre reproduire cette scène en tableau, puis sur ce fond brumeux se dressait une croix, d'une extrême luminosité au point de ne plus pouvoir détacher mon regard d'elle. Sur cette croix s'enroulait un cobra. Autour de cette croix de longues plantes se déroulaient en tiges extrêmement fines pour éclore en fins filaments argentés. Ces filaments m'engageaient à regarder toujours plus loin comme si l'infini m'appartenait, comme si moi seule mettais les limites de mes possibilités. A un moment, j'entendis la voix de Ricardo chanter, je sais que quelques mots de ce chant je les connaissais, car je me rappelle les avoir prononcer en même temps que lui, comme si sa connaissance ne m'était pas étrangère. Repartie dans ma quête, une femme âgée à la peau sombre et fripée, des yeux noirs extrêmement puissants, une bouche large aux dents écartées se mit à me sourire et à me parler. Elle me fit signe de venir et de la suivre à ce moment précis, j'ai eu la sensation de quitter mon corps. Je suis partie en voyage avec elle pour survoler un espace nébuleux, opaque et tout à coup m'est apparu un cercle centré dans un immense rectangle, ce cercle tournait en formes d'arabesques. Il représentait le centre de l'univers. Je plongeais dans son centre et là je découvris une colline verdoyante où des triangles lumineux (trois en haut et deux en bas en quinconce) m'indiquaient le chemin, leur lumière traçait une flèche comme l'indication d'une route à suivre, ce que je fis et là à nouveau cette femme me montra une énorme serrure, très vieille et me dit, ouvre c'est toi qui as la clef, ce que je fis, la porte était lourde, mais de l'autre côté la lumière était aveuglante. Là de nombreuses entités rayonnantes de lumières me souriaient de bonheur de joie, tout était calme reposant, la nature luxuriante extrêmement colorée. Tout à coup, j’eus la sensation de réintégrer mon corps par une secousse et d'entendre à nouveau le cercle. Je sais qu'à un moment, je me suis mise à dialoguer avec certains de mes voisins, bien sûr en télépathie. Ricardo, depuis longtemps officiait dans le cercle, je sais que je ne pouvais pas le regarder, tant son champ vibratoire rayonnait, il m'aveuglait. D'autres que moi, restituaient leurs maux, cette double sensation d'être à la fois très présente et absente, mais de partager une communion, de sentir la chaleur de ce cercle. Marie-Claude. Solo quiero amor !
J'ai quelques
souvenirs de mon éducation chrétienne
qui remontent des fois, par exemple cette phrase : "
il faut redevenir comme de tous petits enfants pour
entrer dans le royaume des cieux". "Royaume des
cieux", on peut traduire "monde des esprits" si on
trouve que ça fait moins ringard, ce qui
prouverait qu'on est attaché à la forme
plus qu'au fond. Combien de gens ont entendu ça
à la messe ou ailleurs, ont trouvé cela
touchant, poétique, un peu flou quand
même, et tout le monde a l'impression d'avoir
compris alors que personne n'a compris vraiment.
La plante, elle, explique en arrachant les vieilles croûtes qui recouvrent le cœur. C'est plus direct, brutal parfois jusqu'à se retrouver à genoux à dégueuler tous ses fonds d'estomac en hoquetant : "je me rends, je me rends...". Solo quiero amor ! C'est le seul cri du nourrisson, c'est le cœur du cœur de notre cœur, cette infinie vulnérabilité que seul un amour sans la moindre trace de violence peut effleurer, caresser, embrasser... Solo quiero amor ! Je rends mes rancœurs, toute honte bue et dépassée, je rends mes peurs, mes égoismes, mes conneries en tous genres.... Comment est-ce que je fais, comment est-ce que nous faisons tous pour tant oublier ce besoin vital de tendresse infinie, nécessaire pour épanouir le plus fin, le plus profond, le plus sensible de notre être... Amor ! Por favor ! Amor, aire, luz, ternura... Lorsque la mort vient, elle réveille peut-être, au moment ultime, la mémoire d'un embryon qui s'est senti éjecté sous l'effet d'une force incontrôlable dans un canal obscur, en route pour un monde totalement imprévisible. Avec terreur ou confiance, au choix. La terreur, la panique que je vis en cérémonie parfois, et parfois n'importe quand, est là pour arracher toutes mes réticences. Solo quiero amor, il n'existe qu'un seul enfer, un seul désespoir, une seule supplication, lorsque l'on tombe dans un gouffre de solitude absolue Amour ! Pardon, amour ! Au secours ! Santa Maria Gracias.. L'amour survient avec une pensée émue pour vous autres qui avez aussi été assez fous pour boire de ce truc là et vivez vos propres histoires... Quelque chose comme une plénitude centrée dans le cœur, encore et toujours une profonde tendresse qui ne se réclame pas seulement, qui s'offre aussi, et peut-être d'abord... combien en m'entendant gémir ou crier dans une ou l'autre de ces cérémonies au cours desquelles la plante m'a poursuivi jusque dans mes derniers retranchements ont cru que je réclamais seulement pour moi ? Mon cul, aussi pour moi c'est sûr, mais pas seulement. Amour, amor, dans l'ambiance que nous créons, l'air que nous respirons, la vie de ce monde qui patauge dans toutes ces souffrances invraisemblables, solo quiero amor, la seule urgence le seul besoin la seule manière de vivre sinon c'est faire semblant, la seule chose qui peut nous rester - ou non - au moment de tout perdre, à crier, à hurler, à écrire non pas seulement par panique mais encore par conviction intime, par essence, je ne suis rien d'autre et vous non plus. L'esprit-amour qui cherche son chemin depuis sa source jusqu'à son expression concrète, quotidienne jusque dans nos regards, nos tendresses, nos attentions, nos écoutes et nos paroles, nos actes, n'hésitera pas à nous faire vivre tous les Titanic, tous les naufrages toutes les horreurs, tant qu'il nous les faudra pour nous rappeler à l'essentiel, en urgence... Cette vérité déborde largement le cadre des cérémonies exotiques ! Au défi du quotidien c'est un apprentissage, une discipline, une éducation. Nous sommes pouvoirs créateurs en action, et tant que nous créons depuis ailleurs que le cœur, nous créons un monde sans caresses, forcément violent. Même si nous sommes apparemment attelé à la plus noble cause, même si nous semblons nous soumettre aux exigences de la raison ou des bonnes manières en société, si le fond reste en friche, toujours inconvenant, toujours remis à un plus tard incertain... Quelqu'un, un ami, vient voir si j'ai bien tout vomi, m'appelle par mon prénom : - Jean-marc, ça va ? - Oui, ça peut aller - Accroche toi, je te ramène... J'aurais aussi bien pu me débrouiller pour renter en titubant, ça aurait été rigolo, mais une épaule qui s'offre, un moment d'écoute, une attention fraternelle, c'est le paradis. Je n'ai plus qu'à m'écrouler à ma place sans écraser personne, en faisant bien attention où je pose ma lampe de poche et le rouleau de papier chiotte. C'est ça aussi l'éducation… Solo quiero amor. Todos somos pequeños niños. Les passagers des avions qui allaient s'écraser dans les tours n'avaient qu'une chose importante à dire dans leurs portables, à leurs proches : Je vous aime, je vous attends, je vous espère. Jean-Marc |
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